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Ils ont 20 ans, et ils veulent devenir notaires.
Soyons honnête : être notaire, c’est rarement une vocation depuis l’enfance. Pour mieux comprendre les attentes des étudiants qui se dirigent vers le notariat, nous sommes allés interroger une dizaine de futurs notaires. Ils s’appellent Julia, Tristan, Blandine ou encore Florent*. Ils ont la vingtaine, sont issus de milieux différents, ont des parcours distincts, mais ils sont réunis par cette ambition commune : devenir un jour notaire.

Le choix du notariat : entre hasard et rencontres
Rares sont les étudiants de droit qui avaient pour objectif de devenir notaire. Certains étaient plutôt partis pour faire du droit des affaires, d’autres de la gestion de patrimoine, là où d’autres encore ont choisi le notariat au gré des matières. Ils sont nombreux à dire qu’ils n’envisageaient pas de devenir avocat et que le notariat leur est apparu comme l’autre choix. Certains évoquent des rencontres avec des notaires qui ont -littéralement- changé le cours de leur vie.
Ainsi, Julia, 23 ans, n’avait jamais songé à devenir notaire en faisant du droit : « J’ai fait du Droit pour des raisons personnelles, pour comprendre la société. J’ai suivi un M1 Droit des affaires, mais ça ne me convenait vraiment pas… En même temps, j’avais des cours avec les M1 Droit notarial qui me plaisaient beaucoup plus. J’ai refait un M1 droit notarial qui m’a vraiment donné envie de devenir notaire et en parallèle j’ai rencontré plusieurs notaires avec qui j’ai pu vraiment discuter de leur métier et ça m’a convaincue. Finalement, c’est un peu un mélange de rencontres et d’opportunité qui m’ont fait arriver là ! ».
Florent, 24 ans, lui, cherchait un job étudiant pour payer son loyer. Sur les conseils de sa mère, il dépose son CV chez un notaire qui l’accepte alors comme stagiaire rémunéré. Depuis, il réalise pratiquement tous ses stages dans cette même étude et de belles opportunités semblent s’y dessiner pour lui.
Dans tous les cas, c’est l’aspect humain, relationnel du notariat qui les a attirés. A ce propos, Louise compare même le notaire à un médecin de famille : « L’aspect du notariat qui me plait le plus, c’est le relationnel, le rôle de conseil qui est si important. Je vois à quel point les clients font confiance à leur notaire et se livrent sans crainte. Je les vois comme une sorte de médecin de famille qui vont régler les problèmes et apporter des réponses. »
Les débuts dans le notariat : entre tâtonnements et prises de conscience
C’est un euphémisme que de dire que travailler dans le notariat suppose de la rigueur et de l’organisation. Et lorsque ce n’est pas inné (coucou la team « non rigoureux »), ça s’apprend. Et souvent, c’est un peu désagréable. Théo, 26 ans, le résume de la manière suivante : « Avant, j’étais bordélique. J’ai dû apprendre la rigueur, l’organisation. Maintenant, j’ai un bazar organisé ! » Le changement peut parfois être plus profond. C’est le cas pour Florent qui se présente comme un fils d’ouvrier « J’ai beaucoup changé personnellement depuis que je suis dans le notariat. Avant, je me baladais en jogging, j’allais au grec (rires). Maintenant, je ne présente plus pareil. Quand on arrive dans un milieu comme ça, il faut s’adapter. »
Pour Blandine, son premier constat est « l’écart important qui existe entre la pratique et la théorie, c’est très déstabilisant ». Pour d’autres, c’est l’occasion de reconsidérer certains clichés sur la profession. « En L1, les profs disaient que le notariat, c’était un métier très vieillissant. Ils renvoyaient une image pas du tout glamour du notariat. Et finalement, quand j’ai fait mon premier stage et que j’ai vu qu’il y avait un logiciel, je me suis dit qu’on s’était foutu de moi ! Le notariat, c’est moderne finalement. » (Florent). Et pour d’autres, un peu moins… « Certains notaires, surtout de la précédente génération et en campagne, se reposent sur le privilège immobilier et sont un peu perdus dès qu’on les sort du schéma « successions-ventes ». Ce n’est pas le constat le plus flatteur pour la profession, mais justement, le but est de changer cela pour que la force accordée à l’acte authentique et au monopole notariale soit justifiée. » (Jérôme)
Enfin, pour Julia, il existe aujourd’hui deux types de notaires :
« Les notaires qui travaillent toujours comme avant, et ceux qui s’intéressent au management et qui veulent vraiment moderniser la profession. »
Le graal ? L’association
Disons-le tout de suite : les aspirants notaires ne veulent pas rester salariés toute leur vie. Et on peut facilement les comprendre. Pour Tristan : « Ce n’est pas le côté clerc de notaire qui m’intéresse, c’est vraiment le métier de notaire, avec les relations avec les clients, qui me plait. Si je devais rester notaire assistant toute ma vie, je changerais de métier. Je n’ai pas d’objectif précis mais une fois diplômé notaire je veux avoir un poste équivalent au diplôme. Je ne veux pas continuer à uniquement rédiger des actes et travailler pour un notaire en lui rendant des comptes. »
Ils reconnaissent majoritairement l’importance de l’étape « notaire stagiaire » même si pour certains, cette période peut parfois être une peu décourageante (Lire aussi : Comment survivre à l’école du notariat ?). Pour Laura, le passage obligé en tant que notaire stagiaire est « nécessaire car un bon notaire doit savoir rédiger un acte, gérer les tâches plus ingrates, mais ça serait bien que lors de la formation, les stagiaires ne fassent pas que ça, ne soient pas que des machines à écrire. Il faudrait aussi qu’ils participent à plus de rendez-vous. »
Les futurs interrogés veulent, à terme, exercer comme notaires titulaires. Pour autant, ils évoquent tous beaucoup plus spontanément le projet d’association plutôt qu’une création d’étude. La volonté de création apparaitrait-elle au cours du parcours professionnel ?
Une vision moderne du travail
Les étudiants interrogés ont une vision très précise de la place qu’ils veulent accorder au travail dans leur vie. Vision moderne du travail ou douce naïveté, chacun se fera son propre avis, mais les futurs notaires désirent se sentir épanouis dans leur travail et concilier au mieux leur vie de famille et leur travail. Tristan le résume de la manière suivante : « J’ai envie d’aller au travail en étant serein, je ne veux pas que ce soit une source de stress. Je veux être fier de ce que je vais, satisfaire mes clients et ne pas faire les choses « à l’arrache » juste pour faire le plus d’actes possibles. Pour moi, c’est hyper important d’avoir un équilibre entre ma vie professionnelle et ma vie personnelle. J’ai l’impression que pour notre génération particulièrement, c’est important de garder une vie perso. »
« Je veux être fier de ce que je vais, satisfaire mes clients et ne pas faire les choses « à l’arrache » juste pour faire le plus d’actes possibles. »
Au-delà de l’aspect épanouissement au travail, ils aspirent à « être leur propre patron », tout en ayant bien conscience des responsabilités que cela engendre, notamment dans le notariat. Pour Louise, la responsabilité du notaire est « assez terrifiante » et conduit à une certaine pression. Pour autant, ils sont nombreux à voir le statut de notaire comme un statut offrant de la liberté, le statut d’entrepreneur, de l’autonomie, de la flexibilité et une certaine sécurité financière.
« J’aimerais que mon métier de notaire soit une passion au quotidien. J’aimerais pouvoir aller au travail toujours aussi motivée le matin, aller travailler parce que j’ai envie, parce que ça m’intéresse et parce que derrière je fais quelque chose qui est nécessaire pour la vie quotidienne et la société. » (Julia)
« Selon toi, pourquoi c’est un beau métier ? »
Petite compilation de citations qui vont vous mettre du baume au cœur si vous vous inquiétez pour l’avenir de la profession :
Un métier qui a du sens :
« Le notariat, c’est un beau métier parce que les gens viennent avec leurs projets et leurs rêves, leurs problèmes, leurs peurs, leurs questions et le notaire est là pour répondre à toutes ces questions, les aider à réaliser leurs rêves, dépasser leurs peurs. Et je trouve ça très beau. » (Louise)
Un métier entre tradition et modernité :
« Je trouve que c’est un métier qui se modernise tout en gardant une certaine tradition et j’espère qu’on ne gardera que le meilleur. » (Florent)
Un métier plus psychologique qu’il n’y parait :
« C’est un beau métier car tout est fait pour le client. Le but est de trouver un arrangement pour les deux parties et pas d’en défendre une seule. On doit forcément concilier les deux et je trouve ça très important, on est vraiment dans la médiation. » (Julia)
Un métier concret :
« J’aime voir le lotissement ou le programme immobilier finalement prendre vie après avoir travaillé pendant des heures sur les matrices, les dépôts de pièces… C’est la concrétisation de tout ce travail fait en amont qui en fait un beau métier. » (Théo)
Alors, je ne sais pas pour vous, mais moi, j’ai hâte que cette nouvelle génération de baby notaires investisse les études pour faire bouger les lignes du notariat !
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* Tous les prénoms ont été modifiés.