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Et si on arrêtait enfin avec le présentéisme dans les études notariales ?

« La prochaine fois, si vous voulez que ça se passe mieux dans vos dossiers, vous ne partirez plus à 19 h 30. » Dans les études notariales, ce genre de phrase est encore prononcé en 2022 par certains notaires. Cette remarque est typique de ce qu’on appelle aujourd’hui le présentéisme. Véritable fléau dans le monde du travail en France, on le retrouve également très fréquemment dans les études, avec des conséquences pas si négligeables que ça. Présentation de ce mal très français.



Une pratique toxique qui revêt différentes formes.


Le présentéisme consiste à rester au travail alors même que l’on n’est plus productif. En France, faire des heures supplémentaires est encore considéré comme un signe de motivation, d’investissement, et pire encore, de productivité. Selon une enquête réalisée par Glassdoor en 2021, un salarié sur quatre admet être déjà resté au travail sans être efficace, seulement pour être bien vu par le manager ou la direction. Ce chiffre est issu d’une enquête globale, mais il est certain qu’une telle enquête serait tout aussi pertinente au sein même du notariat. Difficile de passer à côté de la culture du présentéisme dans certaines études : regards lourds de sens lorsqu’un collaborateur quitte l’étude à 18 h, remarques désobligeantes (et oui, le fameux « tu prends ton après-midi ? » à 17 h s’entend aussi dans les études notariales), nouveaux dossiers déposés sur le bureau en toute fin de journée, … Les exemples sont nombreux.


En pratique, le présentéisme peut prendre plusieurs formes :

  • Le présentéisme contemplatif : C’est une sorte d’absentéisme moral. La personne est bien présente à son poste, mais ne travaille pas de manière concrète.

  • Le présentéisme stratégique : Il consiste à rallonger les journées de travail pour montrer sa présence aux différents membres de l’entreprise, pour être bien vu par sa hiérarchie ou les collaborateurs.

  • Le sur-présentéisme, qui consiste à continuer de travailler, à faire des heures supplémentaires alors même qu’on est malade ou fatigué. Ce présentéisme est souvent à l’origine des surmenages au travail.


Elisabeth*, notaire assistante, a été confronté au présentéisme stratégique :

« Lorsque j’étais notaire stagiaire, mon tuteur était notaire assistant et il avait pour objectif de passer notaire salarié rapidement. J’ai très vite compris qu’il était important de rester tard à l’étude, pas pour travailler plus, mais pour que le notaire associé nous voit. Un jour, mon tuteur me l’a même dit explicitement. On attendait que l’associé quitte l’étude pour partir par l’autre porte juste après. ».

Les ingrédients pour une culture du présentéisme bien présents dans les études.


Une culture du présentéisme est le résultat d’un dysfonctionnement de management au sein même de l’étude. C’est un état d’esprit collectif qui peut naître d’un sentiment de concurrence entre collaborateurs, d’une pression liée à une charge de travail trop importante (chose relativement classique dans le notariat), d'une peur d’être le premier ou la première à partir le soir, ou encore d’une mauvaise organisation du travail. Pour les notaires, il est certain que la pression qui conduit à ce type de comportement vient de la demande : peur de perdre des clients, besoin d’avoir de nouveaux clients, besoin de faire ses preuves,…


Les causes d’un présentéisme élevé dans une étude découlent donc de facteurs multiples. Si l’on devait synthétiser ces causes, nous le ferions de la manière suivante :

  • Les causes relatives au travail : Insatisfaction du travailleur vis-à-vis de sa qualité de vie, de ses conditions de travail ou de l’organisation de l’étude, grande fatigue causée par une surcharge de travail récurrente ou des exigences irréalisables (par exemple, une centaine de dossiers de vente en même temps). Enfin, il peut aussi s’agir tout simplement d’une étude où la culture d’entreprise valorise l’excès de présence.

  • Les causes propres à l’individu : Un sur-engagement au travail, une incapacité à dire non ou à déléguer, une certaine éthique du travail, un besoin de reconnaissance, …


Lire aussi : Réduire le stress dans une étude notariale : ambition réaliste ou utopie ?

Le présentéisme chronique, pas franchement un bon plan.


Sur-investissement n’équivaut pas à productivité, bien au contraire ! Les collaborateurs, fatigués et anxieux, seront peu productifs en restant tard à l’étude pour ne rien faire, ou si peu. Une culture du présentéisme instaure une mauvaise ambiance dans les bureaux. Certains collaborateurs vont rentrer en opposition totale avec cette culture d’entreprise, parfois même jusqu’à changer d’étude. Cela entraine donc une dégradation de la marque employeur de l’étude.


C’est aussi une culture d’entreprise qui pénalise les femmes qui représentent une partie non négligeable des collaborateurs dans le notariat.

En effet, les femmes ayant des enfants ont généralement tendance à commencer plus tôt le travail et à quitter les bureaux plus tôt. Problème : personne ne se rend compte de leur heure d’arrivée. Elles apparaissent de ce fait injustement moins investies que leurs collègues.

Enfin, il a été démontré qu’un présentéisme élevé avait des conséquences néfastes sur la santé des travailleurs. Au Japon, on parle de « Karoshi » (mort par surtravail) pour parler des morts subites de cadres ou d’employés de bureau par arrêt cardiaque à la suite d’une surcharge de travail ou de stres. Le présentéisme favorise l’apparition de pathologies, entraîne un retard de soins, et parfois des burn-out.

Et si un environnement de travail sans présentéisme était possible dans les études ?


Certaines start-up ont décidé de prendre le contrepied de cette culture bien française en fixant, non pas des heures de travail, mais des objectifs à atteindre. Le monde du notariat semble lui encore très loin de ce genre de révolutions.


En matière de présentéisme, il est plus important de guérir la cause plutôt que de soigner les effets par des actions isolées. Pour y mettre un terme, il est donc nécessaire d’agir sur à la fois sur la culture d’entreprise dans l’étude, sur l’organisation du travail et sur le type de management.


1/ Instaurer une nouvelle culture d’entreprise

Pour booster l’efficacité de ses collaborateurs, les dirigeants d’une étude doivent œuvrer pour leur équilibre et leur bien-être. Il est temps de mettre fin aux habitudes toxiques et de se focaliser sur un rapport serein au travail.


2/ Repenser l’organisation du travail

Pour éviter que les collaborateurs ne rentrent eux-mêmes dans la spirale du présentéisme, il est nécessaire d’instaurer une meilleure organisation afin d’éviter les surcharges de travail. Vous pouvez ainsi identifier des bonnes pratiques, comme une charte de déconnexion, des plages horaires spécifiques pour les réunions ou les rendez-vous clients, des horaires strictes d’ouverture et de fermeture des locaux, inciter les collaborateurs à tirer la sonnette d’alarme en cas de surcharge de travail (avec des réponses concrètes apportées en retour), …


3/ Proposer un nouveau type de management

Le présentéisme est souvent une conséquence d’une pression sociale au sein même de l’étude. Il est important de sensibiliser les collaborateurs à cette problématique et en tant que notaire ou manager afficher une attitude décomplexée et apaisée par rapport au temps de travail.


*Le prénom a été modifié.


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